Les préliminaires : késako

En France et plus généralement en Occident, il est d’usage de se référer à un schéma rigide qui codifie la sexualité et selon lequel tous les rapports sexuels suivraient la même séquence : préliminaires, puis pénétration, puis éjaculation / orgasme et fin.

Comme vous le savez sûrement déjà, il s’agit ici d’une vision très limitée de ce qu’est la sexualité, qui place en son centre la pénétration phallovaginale et l’hétérosexualité. Dans cette conception, il y aurait donc un passage obligé par cette phase qualifiée de préliminaires qui, par définition, préparerait les personnes engagées dans le rapport à un acte plus essentiel et important, à savoir la pénétration. Notre perception collective des préliminaires est relativement floue, mais de façon générale le terme renvoie aux rapports buco-génitaux à l’image de la fellation ou du cunnilingus.

Cette vision schématique est très limitante et ne se pose absolument pas la question de l’intimité, de la connexion entre partenaires… ni celle du plaisir !

Le point de vue Melba

D’après nous chez Melba, les rapports sexuels c’est avant tout un moment d’intimité et de partage (entre adultes consentant·es évidemment). Qu’il y ait des contacts entre les sexes, pénétration, toucher ou non, on parle bien de rapports sexuels, autrement dit de “faire l’amour”. Nous pensons qu’il est nécessaire de nous affranchir collectivement de vision exclusive et excluante de la sexualité, car le plaisir est un droit pour toutes et tous !

Nous pensons aussi que la notion de plaisir est centrale au sexe. Nous n’aimons pas tous·tes les mêmes pratiques, d’ailleurs nos préférences peuvent changer avec le temps ou avec nos partenaires, c’est pourquoi nous préférons utiliser des définitions larges et flexibles.

Pourquoi le terme est problématique

Nous relevons en particulier quelques problématiques liées à l’utilisation de la terminologie de préliminaires.

Tout d’abord, comme expliqué plus haut, la notion de préliminaire implique que cet acte précède quelque chose d’autre, de plus important. Il y a donc une notion de temporalité : les préliminaires devraient systématiquement se dérouler avant la pénétration.

Ensuite, par nature, la notion de préliminaire créé une hiérarchie entre les actes sexuels. Si les préliminaires ont lieu avant quelque chose de central, c’est que la pénétration est par définition un acte sexuel plus important et plus valorisé.

Vous l’avez compris, la classification et la hiérarchisation n’ont pas leur place dans la sexualité. En effet, quid des personnes qui n’aiment pas recevoir ou donner de sexe oral, quelles que soient les raisons de ce désamour ? Et quid de celles pour lesquelles les “préliminaires” se suffisent à eux-même ? Pourquoi faudrait-il passer par la case pénétration pour que le rapport soit qualifié de “vrai rapport sexuel” ? Où mettre le sexe non pénétratif ? Le slow sex ? Les personnes qui souffrent de vaginisme et ont des douleurs lors de la pénétration ?

Mais aussi, quid des personnes qui n’ont pas de pénis. Car ce qui se cache derrière cette conception de la sexualité, c’est une approche phallocentrée qui invisibilise et disqualifie les autres, par exemple les lesbiennes.

Ne plus parler de préliminaires

Il n’y a pas de définition écrite dans le marbre de ce que ça signifie vraiment faire l’amour; pour certain·es, ça commence par un regard, une caresse, un massage… Une chose est sûre toutefois, il est nécessaire de décentrer la pénétration de notre conception du sexe. La pénétration fait partie des rapports sexuels, mais tous les rapports sexuels ne sont pas pénétratifs.

Rappel aussi que nous avons toustes cette fâcheuse tendance à assimiler la pénétration phallovaginale à la pénétration en générale. Certaines personnes estiment encore que la pénétration anale, que ce soit avec un doigt, un jouet ou encore avec un pénis, ne compte pas… Alors qu’encore une fois, il n’y a pas de vraie ou fausse pénétration, de la même façon qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire l’amour.

Se libérer de ce schéma, c’est s’affranchir d’injonctions qui pèsent et qui limitent notre plaisir. En se distançant de cette conception, on peut aussi désacraliser l’orgasme, et prendre du recul par rapport à la pression de la performance dans le sexe.

À vous d’essayer

Ne plus parler de préliminaires, c’est bien. Nous vous invitons aussi à adopter des pratiques qui se décentrent de la pénétration. Par exemple, essayez de faire tout ce que vous voulez, absolument tout ce a quoi vous et votre partenaires consentez SAUF la pénétration. Vous verrez que votre imagination fonctionne très bien et que les plaisirs sont illimités !